SECTE

 

La MIssion Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les sectes

Les conséquences sur l’enfant du groupe sectaire

Les conséquences de l’engagement sectaires des parents peut avoir des conséquences catastrophiques sur l’équilibre physique ou mental de leurs enfants.
Aveuglés par leurs croyances, les parents peuvent entraîner leurs enfants dans des pratiques dangereuses, manquer à leur devoir d’éducation et d’épanouissement.

Ce qui frappe, en premier lieu, est l’intense souffrance de ces jeunes enfants soumis à des maltraitances affectives, physiques ou psychologiques, ou à des ruptures familiales dans des contextes difficiles. Les jugements, au civil comme au pénal, donnent à entendre ces souffrances.

Mais il n’y a pas que la souffrance. Ces enfants vivent parfois avec des parents aliénés par l’emprise du gourou, c’est-à-dire incapables d’assumer leur rôle parental. Les parents, par leur posture d’adepte, s’infantilisent et abandonnent le contrôle de leur vie à un autre. L’enfant, naturellement soumis à leur autorité et objet de leurs soins, n’entre pas dans ce schéma de régression infantile. Il est en trop : on s’en défait donc, en le remettant au maître, ou à un adepte chargé pour le groupe de l’éducation. L’image même des parents est brouillée pour l’enfant, qui souvent voit très peu ses parents biologiques.

L’enfant peut même être un instrument utilisé par le groupe contre ses parents. Les enfants scientologues sont soumis comme leurs parents à des auditions. Celle qui s’intitule Security check children comporte une centaine de questions dont :
"Qu’est-ce que quelqu’un t’a dit de ne pas dire ?",
"As-tu refusé d’obéir à un ordre provenant de quelqu’un à qui tu aurais dû obéir ?",
"As-tu un secret ?",
"As-tu fait quelque chose dont tu as très honte ?",
"Y a-t-il quelque chose que tu devrais raconter à tes parents et que tu n’as jamais raconté ?".
On fait pression sur eux, pour contrôler leurs parents, ou les scientologues qui les ont en charge.

Dans tous les groupes sectaires, les enfants vivent l’enfermement, l’isolement. Dans une communauté fermée, même l’école est interne ou faite par correspondance.
Dans l’enfermement, les doctrines sont ressassées à l’infini y compris au moyen des livres de lecture de la secte qui remplacent à la maison les livres de classe. La peur est parfois entretenue, sur fond d’apocalypse. Le monde habituel est mauvais, peuplé d’êtres inférieurs qui ne connaissent pas la vérité et qui ne cherchent qu’à nuire aux vrais croyants : "Noël, c’est avec Satan. Toi, tu es avec Satan, et moi, je suis avec Jéhovah", a dit un petit garçon de 5 ans à son père. Le monde court à sa fin, et seule une poignée d’élus sera sauvée. La famille non jéhoviste, les copains de classe sont condamnés à une mort terrifiante et imminente. Si jamais les enfants, ou les adolescents, tentent une incursion "dans le monde", celui-ci apparaît radicalement étrange. Le conformisme s’impose. Les enfants qui rasent les murs, ne participent pas aux jeux, fuient les anniversaires et les occasions de se réjouir, sont connus. Le monde enseignant en connaît la parfaite "sagesse". Mais cette sagesse est simplement due à cette volonté de se conformer à un monde dont on ne connaît pas les règles.
Cela se traduit parfois par le clivage et ses lourds passages à l’acte. Dans la plupart des cas, c’est la maturation psychologique qui est atteinte : l’incapacité de se projeter dans l’avenir - puisqu’il n’y a pas d’avenir - les empêche de devenir pleinement adultes.
Ainsi la Cour administrative d’appel de Douai, siégeant au contentieux, a rejeté l’appel de parents de Témoins de Jéhovah, le 3 mai 2001, pour un refus d’agrément en vue d’adoption : "En raison des risques d’isolement social et de marginalisation auxquels ils exposeraient ainsi un enfant, le président du Conseil général du Pas-de-Calais a estimé que les intéressés ne présentaient pas des garanties suffisantes en ce qui concerne les conditions d’accueil qu’ils étaient susceptibles d’offrir à des enfants sur les plans familial, éducatif et psychologique ; qu’il n’a pas fait ainsi une inexacte application des dispositions législatives et réglementaires".
La Cour d’appel de Douai ne faisait que reprendre ce qu’avait institué le Conseil d’Etat en 1992 : "Il ressort des pièces du dossier que M. et Mme F. ont fait connaître sans ambiguïté à l’administration, dans le recours gracieux qu’ils lui avaient adressé, qu’ils adhéraient personnellement à la doctrine des Témoins de Jéhovah en matière de transfusion sanguine et qu’ils étaient opposés à l’usage de cette méthode thérapeutique ; que, par suite, en estimant que les intéressés ne présentaient pas des garanties suffisantes en ce qui concerne les conditions d’accueil qu’ils étaient susceptibles d’offrir à des enfants sur les plans familial, éducatif et psychologique, le président du Conseil général du Doubs n’a pas fait une inexacte application des dispositions législatives et réglementaires".

L’engagement sectaire des parents entraîne aussi des conséquences à long terme pour l’enfant, notamment quand la scolarisation est interrompue. Pour les les Témoins de Jéhovah, on sait que la plupart des jeunes "choisissent" des filières courtes, pour rapidement devenir des "professants" (membres actifs qui, par deux, vont à la rencontre de leur prochain pour leur dispenser les écrits du groupe).

Les conséquences sont encore plus lourdes lorsque les enfants ont subi des mauvais traitements.
Les abus sexuels sur mineurs de 15 ans peuvent donner lieu à des procédures judiciaires lorsque les faits ne sont pas couverts par la prescription. Quelquefois, ils sont partie intégrante de la doctrine édictée par le gourou. Ainsi Raël écrit : […] "L’éducation sexuelle est très importante […] mais elle n’apprend que le fonctionnement technique des organes et leur utilité, tandis que l’éducation sensuelle doit apprendre comment l’on peut avoir du plaisir par ses organes, en ne recherchant que le plaisir […]. Ne rien dire à ses enfants au sujet du sexe, c’est mal, leur expliquer à quoi çà sert, c’est mieux mais ce n’est pas encore suffisant : il faut leur expliquer comment ils peuvent s’en servir pour en retirer du plaisir. […] Tu apprendras à tes enfants à aimer leur corps comme on doit aimer chaque partie de la création des Elohim, car en aimant leur création, c’est également eux que l’on aime. Chacun de nos organes a été créé par nos pères, les Elohim, pour que nous nous en servions sans avoir la moindre honte mais en étant heureux de faire fonctionner ce qui a été fait pour fonctionner".
Il en est de même dans le groupe Orkhos, dont le gourou, fondateur de l’Instinctothérapie, a été condamné par la Cour d’assises de l’Essonne, le 4 juillet 2003, à la peine de quinze ans de réclusion criminelle pour viols, viols aggravés et corruption de mineurs. Son fils a été condamné pour agressions sexuelles imposées à un mineur de 15 ans et corruption de mineurs, à la peine de quatre ans d’emprisonnement par le Tribunal correctionnel de Melun, le 26 mars 2002. En fuite, lors du procès, l’intéressé fait l’objet d’un mandat d’arrêt.

La privation de soins ou d’aliments peut aussi aboutir à la mort comme dans le cas du jeune Kerywan, décédé à 16 mois. Lors de sa mort, le poids de l’enfant était équivalent à celui d’un nourrisson de quatre mois. Ses parents, adhérents à la kinésiologie, ont été condamnés par la Cour d’assises du Finistère, à la peine de cinq ans d’emprisonnement dont cinquante-deux mois avec sursis mise à l’épreuve pendant trois ans. Par ailleurs, trois médecins ont été condamnés à la peine de 3 000 euros d’amende pour non assistance à personne en danger.